mardi 17 janvier 2012

Le paradoxe de la maturité

Il est assez difficile, pour un NT, de déterminer si un aspie est mature ou immature. Les NT deviennent adultes progressivement et de façon harmonieuse, tout leur être se transforme de façon plus ou moins homogène. Ils passent de notablement immatures à notablement matures, aux alentours de l'adolescence, leurs centres d'intérêts se transforment pour devenir "adultes", en même temps que leurs valeurs et leurs personalités s'affirment pour devenir presque immuables une fois la transformation achevée. Du moins, c'est mon observation, basée sur ce que j'ai pu constater chez mes fréquentations au cours de ma vie, ainsi que, par déduction, en me basant sur leurs observations de ce qui semblait clocher chez moi.
Il est assez frappant de se pencher sur ce que les aspies disent d'eux mêmes, et de s'apercevoir qu'une ligne générale semble être commune: nous sommes perçus comme étonamment matures voir surdoués avant l'adolescence, puis étonamment immatures voir "en retard" passé cette période.
Je pense que le problème vient du fait que nous ne changeons pas. Un enfant, puis un adolescent aspie aura des qualités d'adulte, des valeurs morales que les autres enfants ne possèdent pas forcément: dignes de confiance, un sense aigu de la justice , une indépendance d'ésprit, un rejet de l'obeissance aveugle, une assiduité dans l'étude de ce qui nous passionne, qui font de nous des enfants certes difficile à controler et à éduquer mais aussi perçus comme étant trés matures.
A coté de cela, nous avons des interets "adultes", comme les sciences, l'archéologie, les langues, ou d'autres sujets considérés comme des sujets "d'étude", et non d'amusement, et des interêts "de notre age", comme les collections de billes ou de petites voitures, une poupée préférée.
Il est aussi possible que les problemes sensoriels retardent l'aquisition de certains apprentissages, comme se doucher seul ou se laver les dents correctement, faire ses lacets,par exemple, tout ceci n'étant en rien aidé par des problèmes de coordination motrice ou un trouble de la fonction exécutive, qui empéche de passer avec aisance d'une activité a une autre et de savoir par quoi commencer lorsque, par exemple, l'enfant doit ranger sa chambre.
Ces troubles qui passent quasiment inaperçus chez un enfant deviennent génants chez un adulte, et passent pour des signes d'immaturité.
L'entourage est beaucoup moins conscient de la maturité morale de l'adolescent ou du jeune adulte, se focalisant sur l'aquisition (ou non aquisition) de certains détails qui pour eux, signent le fait qu'une personne est "adulte", ou non.
Paralellement, ses intérêts sont toujours divisés: il a un sujet d'étude (qui a pu changer depuis l'enfance mais ce n'est pas toujours le cas) et une imagination fertile, qui n'a pas flétri comme celles des adolescents NT, et qui lui permet d'apprecier les dessins animés (ou les mangas), les jeux vidéos, et même de continuer à jouer (légos, billes, poupées, etc)
Je me souviens d'une partie de billes avec ma soeur, ou je la battais a plate couture, entrecoupée de "chut, chut, on va reveiller les enfants" et de rires étouffés, à quatre pattes sur le plancher.

Il est donc quasiment impossible pour un aspie adolescent de développer une relation amicale satisfaisante avec une personne de son age, meme s'il avait, par accident,  une grande facilité a décoder le language non verbal et a communiquer de façon acceptable, peu d'adolescents jouent aux billes, peu d'adolescents s'intéressent aux neurosciences, il y a donc peu de matière pour des intérêts communs, qui sont le socle de tout début d'amitié.

Ce mélange de maturité et d'immaturité est généralement ce qui empèche les NT de nous cataloguer, et je comprend que ce soit déstabilisant. J'èspère que cette petite explication rendra les choses un peu plus claires.
L'imagination dont nous disposons nous est en fait utile pour la pratique de scénarios sociaux (dans notre tête), je pense que je ferais un article sur ce sujet prochainement.