les neurones miroirs

Pourquoi tant d'empathie ?
Dans les années 1990, une équipe de l'Université de Parme animée par Giacomo Rizzolatti a découvert, chez le macaque, une catégorie spéciale de neurones du cortex moteur associés aux mouvements de la main et de la bouche (1). Ils s'activent lorsque le singe exécute une action motrice telle qu'attraper un fruit ou une cacahuète. Mais aussi, ce qui est plus inattendu, lorsque l'animal voit un congénère exécuter la même action. Autrement dit, ces neurones semblent refléter, dans le cerveau de l'animal qui observe, l'action réalisée par l'autre. C'est pourquoi Rizzolatti les a appelés «neurones miroirs».
Les chercheurs italiens ont découvert que les neurones miroirs réagissaient non seulement à l'observation directe de la scène, mais à une perception partielle de celle-ci : le bruit d'une cacahuète que l'on écrase suffira à les activer. Ils sont même sensibles à une représentation imaginaire : si le singe voit un homme attraper la cacahuète et qu'on place un écran de sorte que la suite de la scène soit cachée, les neurones miroirs continuent de «s'allumer». Selon Rizzolatti, les humains possèdent des systèmes de neurones miroirs qui joueraient un rôle clé dans notre capacité à ressentir de l'empathie et à partager les sensations des autres. C'est ce que semble démontrer une expérience réalisée par l'équipe italienne avec celle de Bruno Wicker (Institut de Neurosciences cognitives de la Méditerranée, Marseille). On demande à des sujets d'inhaler une substance dont l'odeur les dégoûte. On observe alors que certains neurones miroirs d'une aire cérébrale appelée l'insula sont activés. Ils réagissent aussi quand les sujets observent une vidéo montrant des visages exprimant le dégoût. Par le biais des neurones miroirs, l'observateur et la personne observée partagent la même expérience : je me dégoûte avec ton insula, et vice versa. Cette faculté d'empathie est défaillante ou absente chez les sujets autistes, dont les neurones miroirs aideront peut-être à élucider la pathologie.

(1)«Les Neurones miroirs», par Giacomo Rizzolatti et al, dans la revue «Pour la science», janvier 2007.